par Une longue histoire …
L’idée d’imposer un contrôle technique moto remonte à 2007 lorsque l’administration française (l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) propose cette solution pour réduire le nombre des accidents impliquant un 2-roues.
Suite au mécontentement des usagers (et électeurs) le gouvernement ne retient pas l’idée. Mais en 2014 c’est au tour de l’Europe de rédiger une directive qui imposera le contrôle technique moto à tous les Etats membres.
En 2017 la France propose de transposer cette directive européenne à nos motos. Les importantes manifestations de 2018 initiées par la FFMC auront finalement raison du et la date butoir fixée en 2020 par l’Europe est repoussée à 2022.
Qui soutient le contrôle technique moto ?
En premier lieu la Sécurité Routière de notre pays. Pour cela elle s’appuie sur un rapport de 2003 qui analysait 921 accidents avec 2-roues.
Il y a aussi les réseaux de centres techniques qui constatent que le nombre de contrôles auto stagne et que leur rentabilité baisse. Le plus actif étant DEKRA, le groupe allemand leader des centres français avec 25% de notre marché. Leur lobbying met en avant une étude basée sur l’analyse d’un échantillon de 49.9 d’une province espagnole en extrapolant les résultats catastrophiques à l’ensemble des 2-roues du territoire européen.
Les professionnels de la réparation auto/moto représentés par leur syndicat (CSIAM) militent aussi pour un contrôle technique moto qui serait effectué chez les concessionnaires moto et dans les ateliers des enseignes de vente de matériel et d’entretien moto. Ils sont soutenus par une partie des motards.
Quels 2-roues seraient concernés ?
Selon la Sécurité Routière le rôle du contrôle technique moto est de vérifier le bon fonctionnement des 2 et 3-roues (motos et scooters à partir de 125cc) afin d’éviter une défaillance technique qui pourrait provoquer un accident. Les points de contrôle : freins, éclairage, pneus, direction, cadre et au point où on en est de vérifier le niveau sonore et l’émission de CO2. A un moment il a été question d’imposer le CT uniquement lors de la revente mais l’uniformisation des règles européennes pousserait à un contrôle après la 4ème année puis tous les 2 ans, comme pour les voitures et pour tous les 2 et 3-roues.
En Europe, 19 pays ont mis en place le contrôle technique moto mais il n’y a pas de cadre unique des vérifications imposées. Certains font des contrôles très poussés touchant 40 points de vérifications et d’autres font un simple contrôle visuel.
Les arguments des opposants au contrôle technique moto
Tout le monde reconnaît que certaines motos et des scooters ne devraient pas circuler tant leur niveau de sécurité est désastreux.
Cependant depuis 2007 les associations comme la FFMC s’opposent catégoriquement au contrôle technique moto car la très grande majorité des utilisateurs entretiennent ou font entretenir leurs motos. Ils ont pleinement conscience que leur sécurité est en jeu dès qu’ils prennent la route.
L’analyse fine des résultats du rapport de la Sécurité Routière le démontre même car seulement 3 des 921 dossiers analysés concluent à un défaut technique. Les mêmes constatations sont faites chez Assurances LE NALIO : une défaillance technique n’a jamais été à l’origine d’un sinistre moto. Dans la moitié des cas c’est une voiture qui est responsable de l’accident et pour l’autre partie on trouve (dans le désordre) la vitesse excessive, l’inexpérience du pilote (toujours difficile à encaisser !), la chaussée détériorée, la fatigue (s’endormir au guidon au retour d’un GP…), l’alcool, les stupéfiants et enfin l’inattention comme de regarder des filles, des garçons marcher sur le trottoir ou une magnifique moto stationnée alors que la circulation freine brutalement devant le motard (si, si c’est arrivé, et même plusieurs fois !). Quel contrôle technique pourra nous protéger de tout cela ?
En Europe, l’analyse de l’évolution et des causes des accidents de motos dans les pays qui imposent le contrôle technique depuis des années ne montre aucune baisse du nombre d’accidents liés à des facteurs techniques. En Italie on voit même une baisse des ventes de motos depuis l’instauration du CT…
L’implication des réparateurs est fortement combattue par les associations de défense des motards : comment imaginer l’indépendance d’un professionnel qui réaliserait le contrôle de la moto et déciderait des travaux à faire de préférence dans son atelier ?
Même étonnement concernant la fréquence des contrôles qui serait calée sur celle des voitures alors qu’il est démontré que les motos parcourent en moyenne 3 fois moins de km que les voitures ?
Où en sommes-nous en 2021 ?
La France a refusé de mettre en place le contrôle technique de nos motos mais l’Europe doit bientôt voter après l’examen d’un rapport exposant les coûts et avantages du CT moto dans plusieurs pays. Si le vote est défavorable, la France sera libérée de cette obligation pour très longtemps. Si au contraire le vote penche en faveur de la généralisation du CT moto la France devra le mettre en application. Mais au moins 5 ans seront nécessaires car les réseaux ne sont pas prêts. On comprend l’agitation actuelle des réseaux de CT et des professionnels de la réparation pour orienter le vote des parlementaires dans leur sens !
Est-il vraiment indispensable d’ajouter le contrôle technique moto aux mesures déjà prises pour limiter l’accidentalité ? La limitation des vitesses autorisées, les contrôles automatisés plus nombreux, la réforme de la formation à la conduite des motos (A2 et passerelle pour tous), la limitation de la puissance des motos des jeunes permis ont des effets bénéfiques indéniables sur le comportement des motards.
Si le CT moto s’ajoute aux mesures qui visent à décarboner les moyennes et les grandes villes en interdisant de circuler et de stationner ou en rendant le stationnement des 2-roues payant dans les ZCR, ZFEM, ZFE et autres ZAPA c’est tout le monde de la moto qui risque d’être carbonisé !
Article proposé par les Assurances Le Nalio ; Photos : Olivier Pirot
