Et quand c’est bon, on y revient - quelques mois plus tard -

Et quand c’est bon, on y revient – quelques mois plus tard 🔐

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La boucle de l’AltaĂŻ – via le lac Teletskoye 

Retour en Russie, en AltaĂŻ, avec la suite de l’article dĂ©diĂ© Ă  Ride N’Be, pas de poisson cru cette fois mais des paysages magnifiques dont le Katu-Yaryk, l’une des routes les plus « challenging » au Monde !


J’ai organisĂ© ma logistique moto sur place. Il ne me reste plus qu’à prendre le guidon. Mon premier fil conducteur est la riviĂšre Katun. Elle prend sa source depuis les glaciers posĂ©s sur les flancs du mont Beloukha (4.506 m d’altitude). Marquant la frontiĂšre entre Russie et Kazakhstan, c’est le plus haut sommet de SibĂ©rie. La Katun longe ici l’unique route asphaltĂ©e qui file jusqu’en Mongolie : la «Chuysky Trakt» ou route de la TchouĂŻa. Cette route fut l’un des tracĂ©s de la Route de la Soie. En effet, la rĂ©publique de l’AltaĂŻ partage ses frontiĂšres avec le Kazakhstan au Sud-Ouest, la Chine sur sa pointe Sud et la Mongolie, plus Ă  l’Est. Le lieu Ă©tait donc propice pour l’établissement des Ă©changes commerciaux. Mais la gĂ©ographie escarpĂ©e n’a pas facilitĂ© les choses. Une aubaine pour la nature qui, aujourd’hui encore, est magnifiquement prĂ©servĂ©e. Un chemin de croix pour les prisonniers et autres travailleurs, envoyĂ©s ici pour construire une route accessible aux voitures. 

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Magnifique vue sur la vallée de la riviÚre Chulyshman !

Le tronçon historique court depuis Biisk (kilomĂštre 0, au musĂ©e dĂ©diĂ© Ă  son histoire), jusqu’à la frontiĂšre mongole, sur 613 km. C’est un itinĂ©raire splendide, ponctuĂ© de forĂȘts, de cascades, de riviĂšres, de cimes enneigĂ©es
 La route serpente entre les montagnes et joue avec les reliefs. Pas Ă©tonnant que l’AltaĂŻ soit inscrit au patrimoine mondial de l’UNSECO, parmi les 11 merveilles naturelles de la Russie. Le revers de la mĂ©daille : une activitĂ© touristique qui gagne du terrain. Heureusement, de nombreuses rĂ©serves sont protĂ©gĂ©es. 

Pour Ă©chapper Ă  ce flux de visiteurs, principalement concentrĂ© autour de la route asphaltĂ©e, il est facile de s’éloigner Ă  moto, par les nombreuses pistes qui tentaculent, parfois sans but prĂ©cis. À plusieurs reprises je m’y aventure, tantĂŽt dans l’unique espoir de dĂ©nicher des vieux ponts de bois, ou bien pour aller Ă  la rencontre des habitants des villages reculĂ©s. Lors d’une de ces virĂ©es improvisĂ©es, j’ai fait la connaissance de Vecha, un shaman avec qui je suis toujours en contact. 

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Le «Red Gate» marque le dĂ©but de l’aventure…

Je fais escale au col Seminskiy (1.717m d’altitude). IndiquĂ© comme un point d’intĂ©rĂȘt, ce lieu n’a rien d’attrayant. Des petites baraques de souvenirs sont installĂ©es. On peut y boire un cafĂ© ou grignoter un morceau. NĂ©anmoins, c’est un trĂšs bon spot pour faire des achats souvenirs Ă  des prix intĂ©ressants. J’apprĂ©cie particuliĂšrement les vĂȘtements chauds, trĂšs utiles pour les motards « toutes saisons Â». Je nĂ©gocie le tarif, avec des marchands toujours ravis de faire des affaires. 

Je continue ma route. Je passe la vallĂ©e de Karakol, connue pour sa montagne Ă  «3 tĂȘtes», lieu de culte local, qui relie notre monde au monde supĂ©rieur. Plus au sud, en direction du village de Bichiktu-Boom, traduit par «Rochers avec inscriptions», se trouve une concentration de pĂ©troglyphes. J’arrive jusqu’au col Chike-Taman (1.460m). Le point de vue est superbe et le tracĂ© pour s’y rendre, tout autant. Quelques clichĂ©s et je trace. 

Je retrouve la Katun et son bleu glacĂ© si caractĂ©ristique. Juste aprĂšs le village d’Inya, je me pose un instant pour admirer le spectacle sur l’embranchement de la Katun et de la riviĂšre Chuya. C’est elle qui sera ma guide dĂ©sormais. Plus on s’approche de la Mongolie et plus le paysage devient minĂ©ral. PerchĂ© sur «Mars», l’horizon s’ouvre Ă  360°. D’ici, la Mongolie n’est plus qu’à 100 km. Et le paysage parle de lui-mĂȘme : une Ă©tendue semi-dĂ©sertique, d’oĂč son nom «Mars», qui annonce les steppes Ă  perte de vue. La terre joue des plus belles couleurs, entre ocre, rouille ou nacre
 Ce site attire beaucoup de touristes. Je bifurque sur une piste plus Ă  l’Est, pour prendre de la hauteur. LĂ -haut, c’est le calme. Et l’on profite du panorama dans son intĂ©gralitĂ©. 

Je n’irai pas plus Ă  l’Est. Car la prochaine Ă©tape, c’est le « Katu-Yaryk Â» ! 

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L’embranchement de la Katun et de la riviùre Chuya.

Pour y accĂ©der, il faut rouler jusqu’au village d’Aktash. Ici, tu quittes la Chuysky Trackt, en prenant la direction du Nord. L’idĂ©al est de faire le plein d’essence Ă  Aktash. La prochaine station se trouve Ă  Ulagan, Ă  60 km. Globalement, les stations-service sont prĂ©sentes Ă  travers toute la rĂ©gion. Mais il est prĂ©fĂ©rable d’assurer ses arriĂšres, car nombreuses sont les zones oĂč le rĂ©seau tĂ©lĂ©phonique est rĂ©duit Ă  nĂ©ant. En cas de pĂ©pin, ça peut vite devenir problĂ©matique. Une dizaine de kilomĂštres et l’asphalte n’est plus qu‘un lointain souvenir : quel bonheur ! 

La «Red Gate», Ă©troit petit canyon aux teintes rougeĂątres, marque le dĂ©but de l’aventure. La piste ondule au milieu d’une multitude de lacs. Les berges du Kidelyu offre une halte idĂ©ale pour un dĂ©jeuner. Une cabane, ouverte en saison, propose des collations locales. L’asphalte a refait surface, mais pour une courte durĂ©e. J’arrive au village d’Ulagan. Ici, je fais le plein : nourriture, essence. 45 km de pistes, avec plusieurs arrĂȘts pour profiter des paysages ou des curiositĂ©s rencontrĂ©es. Et enfin, le voilĂ  ! Le Katu-Yaryk. RĂ©putĂ©e l’une des routes les plus challenging au Monde, elle serpente dans le vide sur 3,5 km, via 9 Ă©pingles, et 800 m de dĂ©nivelĂ©. En bas, coule la riviĂšre Chulyshman, donnant son nom Ă  cette superbe vallĂ©e. Depuis un mirador improvisĂ© sur un rocher dressĂ© au-dessus du vide, j’exulte. J’observe cette trace qui dĂ©fie les lois de la gravitĂ© et qu’il va falloir aborder avec la plus grande dĂ©licatesse. Le temps s’est arrĂȘtĂ©. 

Je suis restĂ©e en observation presque hypnotique face Ă  ce panorama. Le soleil qui s’enfuit, j’entame la descente. En 1Ăšre vitesse, m’aidant du frein Ă  moteur. Je ne peux m’empĂȘcher de crier dans mon casque pour Ă©vacuer mes Ă©motions. Le cĂŽtĂ© «girly» peut-ĂȘtre ! PurĂ©e, quel pied ! Par temps sec, avec une vitesse adaptĂ©e, tout se passe bien. Les gravillons roulent et font doucement glisser les pneus pour te rappeler qu’il faut garder l’option prudence. Des carcasses de voitures tĂ©moignent de l’infortune de quelques tĂ©mĂ©raires. J’éprouve une joie Ă©vidente en arrivant Ă  bout de ce gĂ©ant. 

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Des carcasses de voitures tĂ©moignent de l’infortune de quelques tĂ©mĂ©raires.

Je passe la nuit dans un camp de base, logĂ©e dans un petit chalet de bois. Les toilettes, c’est la cabane au fond du jardin. Et la douche, c’est le bagna (sauna russe). Rien de tel pour faire du bien au corps qu’une sĂ©ance au bagna, ponctuĂ© de baignade dans la riviĂšre. Enfin, le barbecue sous un ciel Ă©toilĂ©, animĂ© par les copains russes. Le programme parfait, n’est-ce pas ?

Au petit matin, je dĂ©couvre la beautĂ© de cet endroit. AbsorbĂ©e par le stress lors de la descente, la veille, je n’avais pas mesurĂ© la grĂące de cet endroit. La piste continue jusqu’au lac Teletskoye. Alors, c’est parti ! 

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La piste continue dans la vallée de la riviÚre Chulyshman.

Un stop aux «Gribby». Je quitte la moto pour une randonnĂ©e d’une bonne heure. Ça monte, sur un terrain escarpĂ©, pour accĂ©der Ă  ses formations rocheuses qui ressemblent Ă  des champignons (gribby, en russe). Cette excursion qui mettra Ă  mal mes facultĂ©s physiques en valait la peine : la perspective sur la vallĂ©e est grandiose.

Il me reste 50 km Ă  parcourir. La piste se fait de plus en plus technique Ă  l’approche du «Petit BaĂŻkal de l’Altaï». ArrivĂ©e sur place, le camp de base dans lequel je m’installe est encore plus rudimentaire que le prĂ©cĂ©dent. Peu importe, le minimum sera dĂ©jĂ  un luxe. Le feu de camp Ă©tabli, la soirĂ©e dĂ©file, toujours trop vite, quand on passe un agrĂ©able moment


Pour regagner le Nord du lac, une seule solution : par bateau. Il existe un bac qui relie les deux extrĂ©mitĂ©s du Teletskoye, pendant la saison. Il faut cependant rĂ©server Ă  l’avance, et les traversĂ©es ne sont pas systĂ©matiques. Le bac part depuis Iogach ou Artybash, au Nord, et seulement lorsqu’il est plein. Le systĂšme D, quand on est Ă  moto, c’est de faire appel Ă  un pĂȘcheur du coin. Lors d’une virĂ©e en AltaĂŻ avec mes amis russes, nous avions optĂ© pour cette solution. Notre convoi Ă©tait composĂ© d’un quad et de deux voitures. Nous avions chargĂ© le quad sur le bateau, en route pour une traversĂ©e de 78 km et 8h, au son bruyant du moteur et aux effluves de retours d’échappement. Les autres avaient rebroussĂ© chemin, seule alternative quand on ne peut pas traverser le lac : 700 km par la route, pour rallier Artybash. J’avais optĂ© pour les gaz d’échappement ! Notre expĂ©dition n’en fut pas moins merveilleuse, car le lac est un petit bijou. Le pĂȘcheur, amical, nous fit faire plusieurs haltes pour aller Ă  la rencontre de ses amis, ou encore dĂ©couvrir la plus grande cascade qui borde de lac. 

DĂ©barquĂ©e Ă  Artybash, je retrouve l’asphalte pour rider sur une petite route dĂ©partementale jusqu’à Gorno-AltaĂŻsk. 

Le pĂ©riple est loin d’ĂȘtre terminĂ©. Les dĂ©couvertes sont encore nombreuses et le plus intĂ©ressant est Ă  venir. La rĂ©publique de l’AltaĂŻ recĂšle tellement de joyaux insoupçonnĂ©s. 

Et quand c’est bon, on y revient - quelques mois plus tard -
«Je suis restée en observation presque hypnotique face à ce panorama.»

Cette expĂ©rience en AltaĂŻ, et bien d’autres encore, ont permis Ă  Laurie de crĂ©er Ride N’Be, une agence de voyage qui vous emmĂšne vers l’Est, Ă  la dĂ©couverte de la Russie, mais aussi de la Mongolie, Roumanie, …

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site « www.ridenbe.com » ou contactez Laurie par mail Ă  l’adresse : contact@ridenbe.com ou par tĂ©lĂ©phone au 06 43 28 11 65

Texte et photos : Ride N’Be


Suggestion de lecture par Ride N’Be :
« Ici, la distance entre vos pensĂ©es et le ciel est infime Â»Â đŸ”