Ma première Course de Côte : excès de confiance

Ma première Course de Côte : excès de confiance

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Prévue en 2017, reportée à mi-2018, ma découverte de la course de côte a finalement eu lieu début avril à Saint-Alban, une découverte complète avec des motos terminées la veille, une qui ne passe pas au technique, l’autre qui ne démarre pas au réveil et pour couronner le tout, une moto à moitié détruite dès le matin… L’occasion de vous faire un article sur ce week-end qui restera dans les annales !

Les motos terminées la veille…

Je n’avais jamais compris que les pilotes terminent quasiment toujours leurs motos la veille des courses, voire même sur place. La date est pourtant connue longtemps à l’avance et les motos généralement réutilisées d’une année à l’autre ? Bien décidé à être prêt en avance, et n’ayant que peu de choses à faire sur les motos, j’allais me heurter à cette règle immuable. Deux motos à terminer, le Supermotard, un KTM 450 SMR, quasi prêt à rouler, avec juste la mousse du sabot moteur à remplacer, elle arrivera le vendredi avant la course, le liquide de refroidissement à remplacer par de l’eau, ça sera fait la veille au soir, la mousse de guidon à mettre… elle ne sera pas arrivée au moment de prendre la direction de Saint-Alban. Côté Ducati, ça ne sera pas mieux, les protections de carters ne seront fabriquées que le dimanche précédant la course, les vis freinées le vendredi en même temps que la vidange et le remplacement de quelques durites d’eau fatiguées.

Le samedi, les motos sont prêtes, enfin presque, il me reste à faire changer les pneus du supermotard, ça sera fait le matin, en même temps que l’achat de l’extincteur (obligatoire), des dernières courses pour le week-end… 13h, le fourgon est chargé, direction le Camping des Jonquilles à Saint-Alban.

Ma première Course de Côte : excès de confiance
Premiers tours de roues avec la KTM… Il va falloir rouler pour comprendre le mode d’emploi. ©photo Al Photographie

La découverte du tracé

En raison de travaux dans le bourg, l’arrivée à Saint-Alban se fait par le tracé de la course, la ligne droite paraît toujours aussi longue, et me rappelle que je devais prévoir une couronne plus grande pour le Supermotard… Les virages quant a eux donnent une impression différente que le week-end précédent quand je suis venu voir le tracé à pied, ça confirme que cette première côte sera une découverte totale. Une fois arrivé au camping et les motos déchargées, le sabot est démonté en prévision du passage au technique, on passe à l’administratif : tout est ok.

Les motos terminées la veille…

Passage de la Ducati au technique, je percute que j’ai oublié les chicanes à la maison ! Enfin elle est passée à Fontenay-le-Comte avec l’embrayage à l’air, là il est fermé, ça devrait le faire… Limite, très limite ! 101.3 (ou 101.7 ?) pour 102 maxi !!! Le reste est ok, l’Italienne pourra rouler. Place à la KTM, Johann Cassouret me prête une mousse de guidon juste avant de passer la moto. Pour le reste, je suis confiant vu qu’elle a souvent roulé à Lohéac. Trop confiant peut-être, elle sort 120db au sonomètre ! (mesure “Supermotard” avec un gros coup de gaz, le maxi est fixé à 112db…). Deux solutions : ouvrir le pot et le regarnir de laine de roche ou essayer avec une chicane plus petite… Les rivets sautent en deux minutes mais il m’est impossible de dégager le bout du silencieux ni même de retirer la chicane, je le remonte donc sur la moto en pensant la laisser dans le fourgon le temps de la course… C’est sans compter sur l’arrivée de Jérémy Costiou, lui aussi là pour sa première course de côte, qui insistera pour essayer. Je redémonte le pot et le lui confie, pendant ce temps vient une autre solution, caler une douille dans la ligne… Certes, ça réduira sûrement la puissance, mais vu que je n’arrive pas à me servir de ce truc ça suffira. La ligne est énorme, coup de chance Florian Crozatier a une douille de 37 qui traîne et qui fait pile le diamètre de la ligne, elle ne risque donc pas de s’y perdre ! Je récupère le pot alors que Jérémy avait bien avancé et remonte le tout… Verdict le lendemain matin…

Problème de démarrage

La nuit aura été fraîche, le réveil difficile (enfin ça c’est normal chez moi). Quand je sors du fourgon, les copains ont déjà eu le temps de décider qu’on poserait les barnums au niveau du départ et non dans le camping comme initialement prévu, très bien… Je commence par repasser la KTM au sonomètre : 110db, ça le fait ! Le temps de récupérer les transpondeurs, d’emmener les motos, béquilles, tapis, etc, au départ et de s’équiper que le premier groupe s’élance déjà… Le temps passe vite ! Je démarre les motos pour les faire chauffer un peu, refus de l’Italienne… Elle n’a pas aimé dormir au frais, la batterie est un peu faiblarde et le moteur aimerait plus d’élan, il ne manque pas grand chose… J’emprunte des câbles à Ludovic Morin, notre technique, en espérant encore trouver une batterie à disposition et finalement Cédric Morin me prête un booster. De retour à la moto, je re-essaie de la démarrer, elle part au quart de tour… Tout est ok.

Il fait froid le matin !

Je roule dans le deuxième et le troisième groupe, avec par contre un seul jeu de couvertures chauffantes prêtées par Florian, on est aussi limité avec les groupes électrogènes, je décide de ne chauffer que l’avant du Supermotard (slick donc impossible de rouler froid, l’arrière est un pluie, ça ira – même si le conseil est mauvais). La Ducati n’est là que pour faire des montées en plus et découvrir le tracé. Je connais la moto par cœur, on montera tranquillement, ça le fera. Première montée avec chaque moto ok. Il fait froid, on monte à un petit rythme, même s’il s’accélère sur la fin du tracé. Deuxième montée, avec le Supermotard, pour les essais chrono cette fois, drapeau rouge, c’est Alann Billot avec sa Yamaha 660 XTX qui est sorti au virage 9 (pilote et moto ok), je refais ma montée, les sensations sont toujours aussi moyennes avec cette moto : 53.746 et sixième temps… sur sept chronométrés.

Deuxième montée avec la Ducati…

Je repars avec la Ducati pour les essais chrono, sous la combinaison et avec le casque, il commence à faire chaud au départ, je reste dans mon idée de faire la montée à mon rythme sans prendre le moindre risque, le but est juste d’avoir un chrono de référence. En pré-grille l’ambiance est détendue, Morwan Goriau partira derrière moi avec sa 1098, je m’avance sur la ligne de départ. Le feu passe à l’orange puis au vert, je pars tranquillement, deuxième, troisième, je coupe en voyant la chicane, trop tôt, je remets un peu de gaz avant de tomber un rapport pour la passer, je sors plein gaz sur le gauche et la ligne droite de la forêt : troisième, quatrième, cinquième (?), je coupe (rétrograde ?) pour le premier gauche, ça passe avec une grosse marge, second gauche, facile, je place la moto dans le droit qui suit et je l’entends racler le bitume, ensuite c’est moi, elle m’échappe, s’envole, moi aussi… Je me relève assis et tout ce que je vois c’est la moto gisant dans la terre, réservoir levé, la selle d’un côté, le capot de selle de l’autre. De mon côté, pas de réelles douleurs, si ce n’est moralement avec une grosse déception d’avoir pulvérisé cette moto et une grosse incompréhension.

Ma première Course de Côte : excès de confiance
Bracelet, réservoir, radiateur, fourche, compteur… Les dégâts sont nombreux.

Les leçons à tirer

Il faudra un peu de temps et des discussions avec plusieurs pilotes expérimentés pour y voir plus clair. La plus grosse leçon est qu’en côte, on ne peut pas monter “tranquillement” on ira forcément plus vite que prévu, c’est exactement ce que j’ai fait en sortant de la chicane… La deuxième, qu’on ne devrait jamais partir pneus “froids” et j’ai appris après que des pneus homologués route demandent 5 minutes de freinage/accélération pour être chauds (ça correspond aux deux tours qu’on se laisse souvent sur circuit), et surtout qu’en trois minutes ils sont considérés comme froids… Bref les couvertures chauffantes sont indispensables en côte. Je savais aussi que cet endroit du tracé était à risque, que le bitume n’y était pas le meilleur, mais je pensais avoir laissé suffisamment de marge, sauf qu’en côte on ne fait pas assez de passages pour jauger chaque point du tracé, ce n’est pas pour rien que l’on dit que ce sont des courses d’expérience. Autre raison, déjà sous-entendue, c’est qu’en ayant “chaud” au départ, le moteur étant également chaud, le ciel bleu, j’ai oublié qu’il ne faisait que 10°, que le bitume devait être encore plus frais et que mes pneus n’étaient pas mieux, la recette idéale pour s’en mettre une.

Une moto à moitié détruite et un délai très court !

Le bilan de cette chute c’est un égo à peine égratigné, une moto bien abîmée (fourche HS, réservoir plié, compteur explosé, commande reculée cassée, bracelet droit tordu, boucle arrière vrillée…). Vu le chantier j’ai profité du petit mois avant Trélivan pour démonter entièrement la moto et faire contrôler le cadre : les ancrages du moteur et colonne de direction n’ont pas bougé, ouf ! Par contre il m’a fallu du temps pour trouver une solution de contrôle, il ne reste alors que 10 jours pour tout remonter, si la fourche trouvée chez AMPS49 est arrivée en 24h, le réservoir arrivera la veille de la course… Pour le radiateur, Rennes Radiateurs a fait un miracle avec un délai de 24 heures pour la réparation ! La moto sera finalement prête pour Trélivan, même si personne n’y croyait.

Une chute qui en entraîne d’autres…

La journée à Saint-Alban ne s’est pas arrêtée sur cette chute, qui a bien entendu engendré un drapeau rouge, aussitôt ressorti puisque Freddy Dubourg, qui partait deux motos derrière moi, se sort de la même manière… Lui chauffait ses pneus à l’arrivée, et vu la longueur de l’attente provoquée par ma chute ils ont dû bien refroidir… Plus tard Chloé Monthorin chutera elle aussi au même endroit, avec pour elle un poignet cassé. Quatre chutes en moins d’une heure dans le même virage, et ce seront les seules de la journée ! De mon côté, j’ai profité de la pause de midi pour essayer de remettre la moto d’aplomb en espérant que les tubes de fourche aient juste bougé dans les tés (optimisme quand tu nous tiens…). J’ai abandonné en voyant que l’axe de roue était plié et que rien ne semblait plus droit. Cette pause m’a aussi permis de retirer bottes et combinaison afin de m’assurer que les petites douleurs ressenties n’étaient pas plus inquiétantes que ça.

Plus rapide le matin !

J’ai donc remis ça l’après-midi avec la KTM, toujours un feeling moyen, une recherche de position qui me permettrait de savoir où je mets mes roues, et surtout une première montée hyper lente (56.968), notamment à l’endroit où j’ai chuté avec la Ducati… normal. Le timing étant large, on pourra faire une montée supplémentaire pour le plaisir, une occasion de plus de comprendre ce tracé, toujours pas la moto. Mon meilleur chrono sera le premier, le matin avant ma chute… Même si je m’en suis approché à la deuxième montée chrono, ça en dit long sur le rythme du matin…

Ma première Course de Côte : excès de confiance
Notez que le chrono PZ Racing n’a rien eu ! Pour le reste…

Un bilan positif !

Si tout ne s’est pas vraiment passé comme prévu, le bilan de cette première course de côte est ultra-positif ! En mettant de côté le fait que j’ai à demi détruit une moto, que j’aurais pu me faire mal et que je n’ai pas trouvé le mode d’emploi du Supermotard, le plaisir de rouler en côte est tout simplement incomparable ! L’ambiance est conviviale mais sérieuse, et l’entraide est bien présente dans la grande famille qu’est celle de la Course de Côte. J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont donné un coup de main le jour J, avec une mention spéciale à Florian et Morwan qui m’auraient prêté une de leurs motos pour Trélivan… si ce n’est pas de la confiance ça ! Merci aussi à ceux qui ont pris des nouvelles ou m’ont proposé leurs services pour remettre la moto sur ses roues : Anthony pour le contrôle du cadre, Pist’on Bike pour celui des jantes et disques de frein, FG Motors 35, PZ Racing pour s’être autant inquiété de moi que du chrono que je testais, la carrosserie 1 Pec pour avoir osé penser refaire le réservoir, AMPS49 pour le tarif sur les pièces et la rapidité de livraison, Ducabike pour l’envoi ultra-rapide des commandes reculées…


Suggestion de lecture : Ma deuxième Course de Côte : l’entretien du mythe

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